Toi mon Ami, que je côtoie, que je connais
Toi qui un jour avais choisi une autre voie
Plus délicate, plus difficile, plus engagée
Toi qui as fait de l’art ta profession de foi
Toi qui depuis un an saignes et ne comprends plus
Ce monde à la dérive dans son vain bal masqué
Toi qu’on empêche de tout, mais qui jamais ne pus
Faire autrement alors que de te résigner
Toi qui, de désespoir en implore le ciel
Pour une scène, pour des planches ou un peu de public
Toi dont l’essence même est d’être l’essentiel
Te voilà condamné à devenir pudique
Toi qui chantes, toi qui danses, toi qui joues, toi qui vibres
Pour un parterre ému qui debout t’applaudit
Toi dont le vœu n’était pourtant que d’être libre
Te voilà devenu esclave d’une maladie
Tous tes théâtres pleurent de ces salles qu’on vide
La culture est en deuil, elle te donne grise mine
Tous tes théâtres meurent de ce sale Con-vid
Et ce n’est plus Mozart, mais toi qu’on assassine
Chacune de mes pensées pour panser tes blessures
Se sent bien impuissante devant tant d’hérésie
Car bon sang qu’est-ce qu’un monde sans art et sans culture
Sans spectacle vivant, sinon l’apostasie
Je pense à toi souvent, et comme toi je m’inquiète
Toi mon Ami, toi mon Amour : « Salut l’artiste »
Je sais que tu as raison et que noble est ta quête
Et que ton cœur est mal de voir ton art triste
Alors dans un élan, alors dans un poème
J’aimerais que ma plume joigne ton poing levé
Qu’elle te dise « Tiens bon », qu’elle te dise « Je t’aime »
Le rideau un beau jour devra se relever